PHILOSOPHER – PARMÉNIDE


« Ne reste plus que le seul exposé de la voie : ce qui « est » existe » .

Parménide. Fragment

Dans cette citation, Parménide expose sa méthode pour élaborer des connaissances : pour parler des choses, il faudrait s’assurer qu’elles existent réellement. Parménide ira même plus loin en déclarant que tout ce qui change n’existerait pas réellement. Cette approche est évidemment abusive, mais Parménide mettait tout de même en avant quelque chose de pertinent : la possibilité et l’importance de connaître réellement le monde. C’était l’un des premiers à faire un pas sincère vers la connaissance. Alors, malgré ses écueils, Parménide a-t-il finalement ouvert la voie de la connaissance ?

Parménide d’Élée est un philosophe grec née à la fin du 6e siècle avant notre ère dans le sud de l’Italie. Il meurt au milieu du −5e siècle. Issu d’une famille riche et puissante, il est possible qu’il ait été législateur dans sa ville natale. Parménide est célèbre pour son traité intitulé De la Nature (« Parménide », 2018). Dans ce traité, qui prend la forme d’un mythe allégorique, Parménide expose la voie qui mène à la déesse de la vérité (Sachot, 2016). Parménide s’est inspiré de la philosophie de la nature développée au sein de l’école de Milet. Selon Théophraste, élève d’Aristote et botaniste, Parménide est le premier à nommer l’« Univers » comme un tout uni. Il est l’un des premiers à affirmer que la Terre est sphérique et située au centre de l’univers. Par ailleurs, il s’est également inspiré des théories arithmétiques de Pythagore. Il a ainsi introduit la logique dans la pensée grecque. Parménide est un des philosophes les plus considérables dans l’histoire de la philosophie. Platon a même consacré une œuvre qui porte son nom (« Parménide », 2018).

Comme nous l’avons dit, Parménide était l’un des premiers à étudier la nature comme un tout unique. Cependant, il ne vérifiait pas empiriquement ses hypothèses. Elles n’étaient donc que des vues de l’esprit, de simples idées qu’il plaquait sur le monde. Sa méthode s’appuyait en effet essentiellement sur la logique. Il considérait que le monde était aussi immuable qu’une vérité logique. L’accent excessif qu’il donnait à la raison peut conduire à une interprétation idéaliste de son œuvre. En effet, son œuvre est très malléable aux interprétations. Ce problème est renforcé par son recours aux divinités grecques conventionnelles pour exposer sa philosophie. Parménide préférait le registre mythique aux exemples sociaux ou politiques comme si une œuvre de raison devait taire ces sujets. Bien qu’il écrivit principalement sur la connaissance, éviter toute considération morale était une erreur. D’autant plus que sa vision fixiste du monde peut aisément soutenir des attitudes politiques conservatrices : si le monde est fixe, nous ne pourrions changer la société. Ce mythe légitime alors un état de fait inégalitaire. Brisons-le.

UNE MÉTAPHYSIQUE IMMOBILE

Au début du 5e siècle avant notre ère, après avoir été occupé par une révolte en Égypte, l’Empire perse a organisé une grande expédition contre la Grèce. Certaines cités se sont soumises, mais d’autres ont formé une alliance sous l’hégémonie de Sparte. Cela a marqué le début des guerres médiques, marqué par la bataille de Marathon et celle des Thermopyles. Les guerres médiques se sont terminées par la défaite de l’Empire perse lors de la bataille navale de Salamine. Athènes a ensuite enrôlé dans la Ligue de Délos toutes les îles grecques précédemment sous domination perse. Ainsi Athènes a établi son hégémonie militaire et commerciale sur la mer Égée. Au milieu du 5e siècle avant notre ère, la ligue de Délos était devenue de fait un empire athénien (« Histoire de la Grèce antique », 2019). Durant cette période, de nombreux philosophes sont apparus progressivement. Certains penseurs comme Parménide, Empédocle ou encore Leucippe, inauguraient de nouvelles manières d’envisager le monde. Comme Parménide, ces philosophes faisaient bien souvent partie de la classe sociale dominante qui reposait de plus en plus sur l’esclavage et le commerce (Charbonnat, 2007 ; « Grèce antique », 2019).

L’interprétation du texte de Parménide n’est pas évidente, elle donne toujours lieu à des divergences inconciliables entre les commentateur·ices (Sachot, 2016). À l’époque, la réflexion philosophique portait avant tout sur la nature. Pourtant, l’interprétation privilégiée de la pensée de Parménide est souvent une interprétation néoplatonicienne qui s’intéresse d’abord à la raison. Le néoplatonisme s’inspire de Platon et met l’accent sur les aspects mystiques et religieux. Ce courant présente Parménide comme le « Père de la métaphysique » – du grec méta-physika : « au-delà-de-la-nature » (Charles, 2001). La métaphysique sera centrale pour la scolastique, un courant philosophique issu des universités du Moyen Âge étudiant les textes sacrés et les philosophes grecs. Aujourd’hui, le domaine de réflexion de la métaphysique est désigné, dans un lexique plus scientifique, d’« ontologique » – de onto-logos : « le-discours-sur-l’être » (« Métaphysique », 2019). Toute l’œuvre de Parménide portait justement sur sa notion d’« être » : « « Est » m’est le point commun d’où je pars » – Parménide. Ce terme désigne tout ce qui existe, le tout. À travers un mythe allégorique, il exposait alors ses conceptions et ses voies d’explication de l’être, de ce qui est. Parménide s’accordait avec Xénophane et sa conception d’un tout divin et matériel. Cela met à mal l’interprétation des néoplatoniciens dans laquelle Parménide ne s’intéresse pas d’abord aux choses de la nature. En effet selon le philosophe Jamblique : « Quand on cite des philosophes de la nature, on nomme en premier lieu Empédocle et Parménide d’Élée. » Quant à Platon, dans son œuvre le Parménide, il opposait à Parménide et son disciple Zénon qu’il ne fallait pas penser uniquement aux choses visibles mais aussi aux choses de la raison, aux formes. Cela tend à montrer que le sens de « choses visibles » a içi le sens de chose matérielle. L’interprétation néoplatonicienne ne semble donc pas être la bonne.

Aborder Parménide à travers ses différences avec Platon permet bien de comprendre sa pensée. Selon Platon, le monde serait une représentation d’une réalité supérieure alors que pour Parménide il serait une réalité qui se suffirait à elle-même (Charles, 2001). Pour Platon, les idées seraient séparées du monde, il était dualiste alors que pour Parménide le monde serait un, son ontologie était moniste, du grec monos « unique ». Le monisme de Parménide évitait ainsi de nombreux écueil tournant autour de l’interaction possible entre deux entités séparé ontologiquement. Parménide tentait par ailleurs d’expliquer les choses, comme la vieillesse par exemple, par des processus naturels : l’âme étant faite de feu, la vieillesse serait une diminution progressive de sa chaleur. Et contre la vieillesse il insistait alors sur l’importance de la nourriture. Il tentait aussi d’expliquer la procréation humaine de manière similaire. Pour Parménide, la génération sexuelle dépendait du père et « Lorsque la semence provient du testicule droit, les fils ressemblent à leur père, et du testicule gauche, à leur mère » (Charles, 2001). Cela est évidemment ridicule et la primauté donné au père dénote d’un biais sexiste. Même si présenter des processus naturels pouvaient être intéressants, sans vérification empirique de ses hypothèses, ces dernières n’étaient au finale que des vues de l’esprit, de simple idée qu’il plaquait sur le monde.

Abordons maintenant une idée centrale pour Parménide : le monde n’aurait pas de dieu créateur et serait éternel. Il affirme que « [L’être est] sans commencement ni fin… » et qu’il serait nécessaire, car il ne pourrait pas ne pas être. Il considérait que tout était lié et que les différents changements ne feraient qu’un : « [L’être] est immobile dans les liens de chaînes puissantes[…] » – Parménide. Pour lui, l’être, le tout, serait immobile, toujours identique à lui-même, et le changement ne serait qu’apparent. Pour illustrer cette idée, son élève Zénon formulait le paradoxe suivant : une flèche en vol semble en mouvement et pourtant, à chaque instant, la flèche se trouve à une position fixe. Parménide soutenait ainsi que le temps serait une succession d’instants immobiles et que le mouvement serait une illusion. Bien que sa conception moniste soit pertinente, sa vision fixiste de la réalité ne correspond pas à la myriade de mouvement que nous donne à voir la matière. Sa conception de la réalité est mutilé et simpliste. Parménide niait le changement parce qu’il n’arrivait pas à penser le mouvement. Comme Zénon il n’avait pas de conception formelle de la vitesse par exemple (Bunge, 2016) et pensait donc le monde de manière fixiste. Il ne voyait que ce qu’il voulait bien voir et pouvait concevoir logiquement. Il imposait arbitrairement son idée de la réalité en niant tout changement et tout mouvement.

Parménide accorde donc une grande importance à la logique. Ainsi, il faudrait comprendre les choses dans leurs totalités, dans leur logique d’ensemble. Par exemple, « Lumière » et « Nuit » ne seraient pas contradictoires, elles seraient une. « Lumière » et « Nuit » seraient des propriétés de l’existant. Cela comme l’amour, la justice, le droit, la nécessité, qui feraient partie de la nature. Ces choses ne seraient pas des divinités individuelles, existant dans un monde a part, même si les métaphores qu’il utilise peuvent le laisser penser. Il s’interrogeait ainsi sur la logique qui présiderait aux transformations constantes du monde. Dans cette logique, il postulait que des « forces » y seraient à l’œuvre. L’Amour serait « le tout premier de tous les dieux ». Il présiderait à la rencontre productrice de deux forces opposées, la « force » mâle et la « force » femelle. Il utilisait d’ailleurs la procréation comme métaphore du processus universel – naître, croître et disparaître – qu’il appliquait à tous les corps, terrestres comme cosmiques (Sachot, 2016).

Malheureusement, les « forces » dont il parlait sont plus de l’ordre du symbolique que de l’explication matérialiste. Mâle et femelle ne sont en réalité pas des « forces » opposées, mais la résultante d’un processus de sexuation complexe impliquant entre autres les gènes, les hormones mais aussi l’environnement (Brandner, 2013). La sexuation est un gradient plutôt que 2 cases, d’ailleurs 1,7 % environ des naissances humaines sont intersexes : c’est-à-dire que ces personnes n’entrent pas dans la classification établie par les normes médicales des corps dits masculins et féminins (« Droits de l’homme et personnes intersexes », 2015). En effet il est très difficile de trouver un caractère physique pertinent pour définir le sexe d’une personne. La morphologie, la forme des organes reproducteur, les gènes XX ou XY ou encore SRY ne se sont pas avérés satisfaisant. Aujourd’hui d’un point de vue biologique les mâles et les femelles sont définis par la production de grosse et de petites gamètes. Chez certaines espèces d’insectes, l’anatomie des organes est même inversée : les producteurs d’ovules ont des pénis et les producteurs de sperme des vagins, ce qui inverse aussi le schéma corporel – mâle sur femelle – dans l’acte copulatoire. Cette catégorisation des individus est d’ailleurs abandonné, à raison, au profit d’une catégorisation des seuls organes pour bon nombre de plante qui ont des organes sexuels mâle et femelle. Sans oublier que la reproduction sexuée ne concerne qu’une faible proportion des êtres vivants (Touraille, 2016). Nous sommes donc bien loin de « force » qui organiserait le monde. Cette métaphore de la « force » peu effectivement avoir pour intérêt de mettre à distance les arguments ayant recourt au divin, mais elle n’est pas suffisante pour cerner les processus matériels à l’œuvre au cours de l’évolution (Barberousse & Samadi, 2011).

UNE LOGIQUE MUTILANTE

Selon Parménide, une chose existe ou bien n’existe pas du tout. Aucune alternative n’est possible, une chose ne peut pas à la fois exister et ne pas exister. « L’être est, et le non-être n’est pas » – Parménide. Utiliser le « non-être », quelque chose qui n’existe pas, pour expliquer « l’être » serait une erreur fondamentale selon Parménide. Un discours explicatif, quel qu’il soit, devrait faire référence a quelque chose d’existant pour expliquer l’être. Ou plutôt, comme nous l’avons déjà dit, l’être devrait s’expliquer par lui-même (Hoffman, 2005). Parménide soulignait également l’importance de ne pas se laisser tromper par les mots. « L’intelligence ne scindera pas l’être de façon qu’il ne s’attache plus à l’être » – Parménide. Il reconnaissait évidemment que les mots étaient nécessaires pour communiquer et comprendre les choses « Sur chacune [des choses] les hommes ont apposé un nom comme signe distinctif. » – Parménide. Cependant, il prônait l’utilisation de mots qui reflétaient la réalité de manière logique. Il faudrait entendre les mots comme un ensemble, comme « logos » – logique. Il considérait les discours multipliant les références aux sens et aux apparences comme des erreurs manquant de logique. Ces discours perdraient de vue l’unité de l’être. Il désignait ces discours doxa, « opinions ». Ainsi, dans sa manière de concevoir la production des connaissances, en plus de la simple observation, Parménide faisait primer la logique. Le critère de la vérité serait qu’un discours soit logique (« Parménide », 2018). Selon lui, vérité et réalité seraient toute deux non-contradictoire. La réalité serait logique et une pensée vraie, non-contradictoire, serait alors réelle (Sachot, 2016). Autrement dit, soit une pensée serait logique et elle référerait à quelque chose qui existerait, ou elle serait illogique et elle ne référerait à rien.

Bien que Parménide ne fonde pas l’idéalisme, sa méthode basée uniquement sur la logique et l’observation tendait effectivement vers une vision idéaliste de la réalité. Dans sa vision, les idées et leur logique peuvent être prisent pour la réalité elle-même. En somme, il tirait des conclusions métaphysiques abusives à partir de la logique et du langage (Russell, 1945). Certes la non-contradiction logique est importante, et Aristote en formulera bien mieux le principe quelques années après. Mais sans expérimentation, sans vérification empirique, ce sont les propres idées de l’observateur qui s’imposent. Comme l’écrivait Claude Bernard, fondateur de la médecine expérimentale : « on peut raisonner logiquement et sans expérimenter, et arriver, de conséquence en conséquence, à construire un système qui est logique, mais qui n’a aucune réalité scientifique » (Sagaut, 2008-2009). Parménide considérait naïvement que la connaissance logique « reflétait » simplement la réalité. L’adjectif « naïf » n’a pas ici un sens péjoratif, cela signifie que Parménide n’était pas critique. Il croyait que les vérités logiques étaient complètes et définitives. Il négligeait les efforts pour corriger et perfectionner les théories (Bunge, 1993 ; Bunge, 1996), et il se dispensait de vérifier la validité de ses idées en ne les confrontant pas méthodiquement au réel. La science s’élabore progressivement, elle change et tend vers la vérité. Une bonne illustration du fonctionnement des sciences nous est donné par Otto Neurath (1882-1945) philosophe, sociologue, économiste autrichien et membre du Cercle de Vienne. Neurath utilisait la métaphore du bateau de Thésée remplaçant continuellement ses planches mais continuant d’avancer (Silberstein, 2013). De même que le monde n’est pas immobile, pas fixe, nos connaissances peuvent progresser.

Depuis le −18e siècle, les savants de Mésopotamie savaient résoudre des équations du second degré, ainsi que certaines équations du troisième et du quatrième degré. Ils connaissaient les solutions de certains problèmes, mais n’avaient pas de méthodes générales. Deux siècles plus tard, les Égyptiens connaissaient une algèbre rudimentaire (Sagaut, 2008-2009). De même en astronomie, de nombreux siècle d’observation avait posé certains fondements. Les prédictions d’éclipses de lune étaient par exemple relativement fiables (Russell, 1945). Plus tard, Pythagore (−580/−495) a fondé l’école pythagoricienne en Grande-Grèce. Cette école constituait une association religieuse, politique et philosophique qui dura neuf ou dix générations, et qui jouit d’une très grande notoriété dans l’antiquité grecque et romaine. Iels nommaient mathématique (du grec « mathemata ») leur domaine d’étude : les nombres, la théorie musicale, la géométrie, la cosmologie. Par analogie avec la longueur de la corde de la lyre et la hauteur de la note émise par elle, Pythagore déclarait que tout était soumis au nombre. Le nombre serait le principe de toute chose et toutes les choses auraient un nombre pour symbole. Il représentait d’ailleurs les nombres sous forme géométrique. Les pythagoricien·e·s formulaient ainsi des lois arithmétiques qui seront au cœur de leurs conceptions. Du vivant de Pythagore, iels ont exercé durant un temps le pouvoir à Crotone, mais leurs concitoyens ont fini par se révolter. Après la mort de Pythagore, l’école est dirigée par son épouse, la mathématicienne Théano (« École pythagoricienne », 2019).

L’influence d’un contexte dans lequel les mathématiques se développe fortement se fait nettement sentir chez Parménide. Comme évoqué précédemment, la symbolique du 1 et de l’unité était très présente chez lui. Elle était même centrale dans sa conception fixiste du monde. Certes les mathématiques sont indispensables. Elles permettent d’affiner les mesures, de décrire certaines choses avec précisions, etc. Mais elles sont un simple instrument logique (Pépin, 2012). Énoncer une loi sous la forme d’une relation mathématique amène à faire abstraction du contenu physique. Il ne faut alors pas oublier que les expériences qui ont permis de formuler la loi lui confèrent un domaine de validité, en dehors duquel d’autres mécanismes physiques peuvent entrer en jeu et conduire à des résultats et des lois très différentes (Sagaut, 2008-2009). C’est le problème du registre symbolique, il faut le prendre avec justesse. Il ne faut pas confondre le monde et nos symboles. Idéaliser ce registre amène à un mysticisme dans lequel les chiffres ont un pouvoir explicatif en eux même.

UNE ESTHÉTIQUE CONVENTIONNELLE

À l’antiquité, la religion grecque était basée sur des croyances et des pratiques plutôt que sur des textes sacrés ou des dogmes. Elle accordait une grande importance aux rites et peu à la dévotion personnelle. Elle est par ailleurs polythéiste : Zeus, dieu de la foudre, règne sur le Ciel, Poséidon, est le dieu des mers, des océans et des séismes et enfin Hadès, est le maître du monde des Enfers. Il existait de nombreuses autres divinités, auxquelles on accordait plus ou moins d’importance selon la situation, l’époque de l’année, le lieu… (« Grèce antique »,2019). Une bonne partie de la recherche grecque pendant l’antiquité s’était posée en récusant les croyances religieuses. C’était une condition première à la recherche. Si des êtres impossibles à connaître, les dieux, intervenaient dans le cours des événements en interrompant le processus normal des causes, aucune recherche rationnelle ne serait possible (Sachot, 2016).

Dans ce contexte culturel, Parménide a repris l’image des divinités et son esthétique mais à ses propres fins. C’est du moins ce que l’on peut comprendre à travers la pointe d’ironie dont fait preuve cette citation : « Avec cela j’interromps mon logos digne de foi […] » – Parménide. L’utilisation de l’esthétique des divinités grecs par Parménide a en effet pu être interprété par certain·e·s comme une utilisation ironique, plutôt qu’une réelle croyance en ces divinités (Sachot, 2016). Il ne critiquait cependant pas ouvertement les croyances concernant les dieux. Il évitait ainsi le conflit et écartait la menace du crime d’« impiété », dont Socrate et d’autres ont été accusés (Correia, 2016). Mais il n’est pas possible de reprendre simplement une esthétique à son compte. Toute esthétique exprime un propos particulier. Les émotions que suscite un arrangement de couleur, un rythme narratif ou tout autre procédé esthétique, correspond à un message particulier. Capter l’attention des autres et rendre certain éléments spéciaux, les mettre en avant par certains procédés esthétiques détermine une part importante du propos (Boyd, 2005). En l’occurrence, en utilisant des représentations conventionnelles de divinités grecs, Parménide renforçait l’esthétique religieuse dominante. Même s’il utilisait des représentations de divinités dans le but de symboliser des forces naturelles, faire référence à ces divinités, mettait difficilement en avant la spécificité de sa conception. De plus, cela rendait sa conception vague. Pire, cette utilisation des divinités créait même des contresens et des erreurs d’interprétations en faveur de conceptions dominantes. Ce choix esthétique était d’ailleurs peut-être révélateur du manque d’ambition subversive de ces conceptions.

Parménide aurait pourtant pu faire mieux en termes d’esthétique. Dans le but d’ouvrir la voie de la connaissance, il aurait pu développer une esthétique spécifique capable de mettre en avant les caractéristiques propres de son discours. Il aurait pu développer un imaginaire mettant en valeur la réalité avec des exemples réels et un registre descriptif. De cette manière, au 19e siècle par exemple, le développement des sciences stimula un autre imaginaire à travers le réalisme littéraire puis le naturalisme littéraire, ce dernier privilégiant pour sa part le registre explicatif. Évoquons un autre exemple plus contemporain concernant plus particulièrement le style d’écriture : aujourd’hui, la communauté scientifique partage un registre d’expression spécifique qui met en avant ses conceptions. Elle s’entend sur certaines qualités qui devraient guider la rédaction des textes scientifique : le souci d’objectivité (Leclerc, 1999), la recherche de précision (Leclerc, 1999 ; Dufau, 2006), de concision et de clarté (Dubois, 2005 ; Dufau, 2006), et ce, « à la fois dans le contenu et dans le style » (Leclerc, 1999). L’organisation et la rigueur de l’argumentation sont également des caractéristiques associées aux textes scientifiques (Bricker & Bell, 2008). Bien qu’il serait idiot de faire à Parménide des reproches trop anachroniques, il aurait tout de même pu développer un autre imaginaire qu’un imaginaire religieux.

UN DÉNIS MORAL

Parménide écrivait avant tout sur la connaissance et son œuvre nous renseigne peu sur ce qu’il est bien ou mal de faire, sur ses positions morales ou éthiques (les deux termes étant synonyme, l’un dérivant d’une racine latine et l’autre d’une racine grec). Qu’il ne fasse aucune référence à la situation sociale n’était cependant pas anodin. Il préférait le registre mythique aux exemples sociaux ou politiques comme si une œuvre de raison devait taire ces sujets. Certes il est important de distinguer une proposition qui porte sur des faits d’une proposition ayant une valeur morale. Le sexe est par exemple une simple stratégie de reproduction. Il est parfaitement fallacieux d’en invoquer la binarité ou toute autre caractéristique pour en déduire que le monde devrait être binaire et de ce fait légitimer la hiérarchie. Mais se croire au-dessus de toutes considérations morales est une erreur. Notre vision du monde a évidemment un impact sur nos comportements et attitudes. Mettre l’accent sur les aspects compétitifs du monde est par exemple caractéristique d’une orientation vers des rapports sociaux hiérarchique (Duckitt & Sibley, 2010). Ainsi, certains justifient moralement le fait de nuire, trouvent des termes pour minimiser leurs actions et leurs conséquences néfastes, déshumanisent et blâment les victimes ou encore déplacent la responsabilité des actions préjudiciables (Bandura, 1986). Aucun discours rationnel ne peut ignorer les considérations morales qu’il implique. Car face la souffrance qu’inflige la hiérarchie, la dénoncer ou à minima ne pas cultiver la complaisance est justement un devoir moral pour celui ou celle qui prend la parole. Épargner l’autorité de toute critique, c’est bien souvent la légitimer, c’est se satisfaire du statu-quo et accepter l’injustice. Taire les souffrances qu’inflige la hiérarchie n’a rien de rationnel.

Ce déni moral de l’activité scientifique que semble adopter Parménide, est, de nos jours, largement partagé. Certain·e·s pensent que la science pourrait s’exonérer de considérations morales et la conçoivent alors comme une quête absurde de connaissances au mépris des dommages collatéraux (De La Grandière, 2020). D’autres affirment que si les scientifiques peuvent et doivent faire des choix éthiques, ils ne doivent pas le faire en tant que scientifiques, mais en tant que membres de la communauté des êtres humains. Et d’autres concèdent que la science pourrait tout juste nous éclairer sur les différents scenarios à notre portée (Carpentier, 2004). Tous et toutes veillent bien à exclure toute considération éthique du registre des sciences. Certes, utiliser fallacieusement des éléments scientifiques pour justifier un positionnement moral est courant et devrait être rejeté. Mais c’est une erreur de conclure que la science est strictement séparée de l’éthique. C’est une conception idéaliste et désincarnée de l’activité scientifique qui résonne tragiquement avec la responsabilité historique qu’ont eu et qu’ont les scientifiques.

La science a de nombreuses conséquences sociales et politiques, pour cela c’est une activité qui a d’autant plus à faire à des considérations éthiques. À fortiori, la science étant une activité sociale (Manner & Bunge, 1996) la question de sa bonne ou mauvaise exécution se pose. Dans cette perspective, nous pouvons concevoir la méthode scientifique comme une éthique de la recherche. La profession médicale par exemple n’a pas seulement la responsabilité de soigner les malades et de prévenir la maladie, elle a aussi la responsabilité du progrès des connaissances dont ces tâches dépendent. Et « cette […] responsabilité ne peut être remplie que par la recherche et l’expérimentation » (Bradford Hill cité dans Fagot-Largeault, 2012). Les scientifiques ont donc une responsabilité morale particulière. Mais plus directement encore, la morale est un objet d’étude scientifique. En étudiant ses origines évolutives ou encore les processus neuronaux qu’elle implique, la science peut nous permettre de formuler une description de la morale (éthique descriptive). La science est également le meilleur moyen de définir quelles actions nous sont bénéfiques ou non (éthique normative). La science est en effet le moyen le plus fiable pour savoir quoi faire. Nous pouvons alors concevoir l’éthique comme une science (Bunge, 1961 ; Menapace, 2019). Comme tout le reste, les problématiques éthiques sont une chose matérielle que nous pouvons étudier par les moyens de la science, même si c’est avec la plus grande prudence tant l’enjeu est important.

Grâce à une conception scientifique de la morale, nous pouvons justifier des choix éthiques égalitariste par des éléments plus fiables que des préférences personnelles. Nous pouvons justifier scientifiquement l’égalitarisme par l’intérêt objectif des personnes, des groupes, de l’espèce, et même des espèces (Kropotkine, 1889). En effet, les personnes qui privilégient des rapports sociaux hiérarchique, privilégient également un rapport anthropocentrique avec leur environnement et font preuve d’un soutien particulièrement faible pour les politiques d’atténuation du changement climatique (Uenal, Sidanius & van der Linden, 2021 ; Sapolsky, 2004 ; Sidanius & Pratto, 1999, « Rapport du GIEC : Réchauffement climatique de 1,5 °C », 2019). Ainsi, parce que la hiérarchie est sévèrement néfaste pour nous et la biosphère, nous devons l’abolir si nous voulons d’un monde vivable.

UNE PHILOSOPHIE CONSERVATRICE

Nous n’avons là encore que peu de sources en ce qui concerne les idées politiques de Parménide. Pourtant les cités grecques ont traversé une profonde crise politique à cette époque. Les milieux ruraux se sont appauvris et certain·e·s de leurs habitants ont même été réduit·e·s en esclavage. Une nouvelle classe marchande aisée aux aspirations égalitaires a réclamée la fin du monopole politique des propriétaires terriens. Au −5e siècle, Athènes a alors amorcé un ensemble de réforme débouchant sur un régime politique démocratique. Dans ce régime basé sur l’esclavage, seulement une minorité d’habitants sont autorisés à participer aux assemblées citoyennes : en étaient exclues les esclaves, les femmes, les métèques (étrangers) et les non-Athéniens (« Démocratie athénienne », 2019).

Dans ce contexte politique, lorsque Parménide critique la doxa, « l’opinion », cela peut être interprété comme l’expression d’un certain mépris pour ses concitoyens. Peut-être même cela exprimait un certain rejet de la démocratie qui à l’époque représentait malgré tout un progrès. De façon cohérente avec sa négligence pour les efforts de correction et de perfectionnement des théories, Parménide opposait radicalement vérité et opinion. Cela peut être interprété comme une manière pour Parménide de se distinguer des masses et de leur ignorance. Mais utiliser la logique pour briller naïvement n’a rien à voir avec la recherche de la vérité. Cela consiste à se prétendre compétent pour jouir d’un certain pouvoir (Harris & Fiske 2006 ; Gwinn, Judd, & Park, 2013). Les opinions ne sont pourtant pas condamnées à être mauvaise. L’éducation comme l’ignorance s’institue. La recherche n’avance pas grâce au génie d’individu unique mais grâce entre autres à une méthode et une communauté (Manner & Bunge, 1996). Une critique plus pertinente de la doxa mettrait alors plutôt à jour l’importance de la méthode scientifique et des conditions sociales et politique dans lesquels la communauté scientifique produit des connaissances. Les chercheurs et chercheuses ne sont pas dans un monde à part. Les scientifiques font partie de la société (Ponce & Arellano Hernández, 2015 ; Bunge, 1993). Bien que, l’importance fondamentale de critères et de pratiques de vérification des connaissances empêche de considérer la science comme un discours équivalent à d’autres, la recherche est dépendante de conditions sociales. Par exemple, la concurrence croissante et la culture « publier ou périr » dans le monde universitaire entre en conflit avec l’objectivité et l’intégrité de la recherche. Les pressions de publication augmentent ainsi les biais scientifiques dans les environnements universitaires plus compétitifs et « productifs » (Fanelli, 2010 ; L’équipe des rédacteurs d’Academia, 2020 ; Université Ouverte, 2020).

La vision fixiste du monde que développait Parménide a évidemment des conséquences politiques. Peut-être n’était-ce pas son intention mais sa philosophie pouvait aisément soutenir des attitudes politiques conservatrices : si le monde est fixe, nous ne pourrions pas changer la société. Ce mythe légitimait alors un état de fait inégalitaire. Pourtant, que le monde soit réellement plus ou moins fixe, plus ou moins changeant ne devrait pas être un argument pour légitimer un ordre social, réel ou en projet. Certes, il est vrai que certaines choses ne changent pas, comme la vitesse de la lumière, mais il serait ridicule d’utiliser ce genre d’exemple pour légitimer de ne pas changer la société. Et à l’inverse, invoquer les changements de la nature qui se déroule sous nos yeux pour légitimer n’importe quel changement n’est pas beaucoup plus pertinent. Ce genre d’analogies ne sont pas des arguments. Parce qu’elles satisfont en partie certains besoins psychologiques, ces analogies sont d’ailleurs adoptées par tout l’éventail politique (Jost & al., 2003). Mais en ce qui nous concerne, nous voulons abolir la hiérarchie parce qu’elle est profondément mauvaise et cause nombre de souffrances systématiques (Sapolsky, 2004 ; Sidanius & Pratto, 1999), pas pour correspondre à une analogie qui nous rassure.

CONCLUSION

L’œuvre de Parménide a exercé une réelle influence, ne serait ce qu’à partir du thème de la « voie » comme métaphore de la recherche (Sachot, 2016). Parmi les philosophes précédant Socrate, c’est l’un de ceux ayant le plus contribué à disqualifier les conceptions mystiques en privilégiant les références à la nature. Il préfigure certains éléments pertinents de méthodologie, comme la non-contradiction logique, mais il donne beaucoup trop de prises à des interprétations idéalistes. Son esthétique très conventionnelle illustre assez bien le peu d’ambition qu’il avait à se distinguer d’autres philosophies malheureuse. Il ne semblait d’ailleurs pas préoccuper par les conditions sociales de ces contemporains. Peut-être était-il même prompt à légitimer ces conditions hiérarchiques. Sans plus d’indications, sa conception fixiste pouvait être utilisée pour soutenir des attitudes politiques conservatrice. En somme, son attrait pour la vérité, qu’il faut saluer, ne suffit pas à palier sa négligence et ses écueils. Soyons d’autant plus farouches face aux conceptions mystiques, car elles entravent le développement des connaissances et légitiment un état de fait inégalitaire.

Beaucoup pensent qu’il suffit de faire à côté, de négocier avec la hiérarchie pour vivre librement. C’est faux. La hiérarchie s’immisce partout. Elle contraint les corps et les raisonnements. Ignorer son emprise est du déni. Sur le chemin de la vérité, la hiérarchie se pose constamment comme obstacle. Comment continuer les recherches quand tout brûle ? Nous ne pouvons pas qu’observer la destruction des écosystèmes (Scholes et. al., 2018). Les caméras de surveillance les plus développées ne sont d’aucun recours dans ce désastre, au contraire. Les conditions de recherche ne sont pas négligeables. Libérons le savoir, sachons être libres. Opposons-nous méthodiquement à toute hiérarchie.

Guillaume Deloison – 2023

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